« Collectionneur émérite d’outils préhistoriques, Maurice Brossard s’intéressait également beaucoup à l’histoire proprement dite. Vers 1960, il me contait incidemment la découverte de quelques fragments de tuiles gallo-romaines touts près de son domicile, c’est à dire non loin de l’église de Cravans.
A l’époque, nous ne pouvions supposer que ces très faibles vestiges étaient les indices d’une intéressante et encore mystérieuse installation antique.
Quelques années plus tard, M. Guy Brossard, son fils, procédait à des travaux d’aménagement sur un ancien terrain communal à une vingtaine de mètres du portail de l’église. Alors tout un étrange ensemble de caveaux et de petites galeries fut mis à jour.
Avec M. Sorignet, je suis descendu dans une excavation d’environ trois mètres de profondeur où nous avons trouvé, tessons de poteries gallo-romaines, bizarres assemblages de briques calcinées et ossements humains. Latéralement nous constations de troublantes résonnances. Nous baignions dans une ambiance oppressante et envoûtante particulières aux cryptes des églises et que j’ai si bien ressentie dans les petites chambres du tumulus de Chez Chaillou ou au fond des souterrains de la rue au Roy.
C’était un soir au coeur de l’hiver ; un éclairage de fortune ne facilitait guuère une reconnaissance complète et par la suite, l’urgence des travaux ou les intempéries empêchèrent toutes investigations complémentaires.
Dans la mesure de mes connaissances et cette trop rapide exploration, j’ai cherché à confronter cette énigmatique installation avec les très importantes découvertes de Thaims.
Comme on le sait (notamment par une fort intéressante brochure), M. Le Chanoine Tonnelier a établi, après des fouilles fructueuses, que l’église de Thaims fut construite sur une villa gallo-romaine dotée d’un bel hypocauste.
De plus, grâce à de longues et méritoires études, nous pouvons suivre sur ces vieilles pierres les difficiles progrès du christianisme en Saintonge depuis l’antiquité jusqu’au XIIIème siècle.
Je rappelle d’autre part, la coutume des premiers chrétiens établissant leurs sanctuaires sur des autels païens, principalement dans le but de purifier les lieux.
Mais ici, à Cravans, le mystère demeure. Des études approfondies et minutieuses sur certains détails archéologiques ou les assises de l’église apporteraient peut être un peu de lumière ?…
Pour ma part, cherchant uniquement à savoir et faire connaître, je propose rapidement à la curiosité et à la sagacité des chercheurs quelques autres énigmes de cette riche commune. Elles planent depuis les célèbres ateliers paléolithiques jusqu’aux rives de la Seudre chargée d’histoire.
Le père Richard m’avait signalé auprès du village Le Port certains travaux exécutés au temps des Romains. A la vérité ces lieux sont extrêmement intéressants : les vestiges de l’antiquité se mêlent à ceux de la protohistoire et du néolithique.
L’existence d’un véritable port fluvial est très probable. »
Cravans s’appelait-il « Clarens » à l’époque des Romains ?
Le document graphique ci-dessous, dressé par l’abbé Lacurie » pour l’intelligence des mémoires » de la Société Archéologique de Saintes représente la carte du Pays des Santones sous les Romains.
Sur cette carte on y voit dessinée la Seudre qui se jette à la mer à Portus Santonum (Saujon). Ce cours d’eau reçoit sur sa rive droite un petit affluent qui pourrait être l’actuelle Bénigousse. A proximité de celui-ci est situé Clarens.
Carte du pays des Santones sous les Romains 1
Carte du pays des Santones sous les Romains 2
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